Blogue du Dépôt

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2025-10-16

Pendant les élections municipales, activons les leviers pour un avenir alimentaire sécuritaire

An un article publié dans The Gazette par Tasha Lackman

Alors que les Montréalais·es se préparent à voter en novembre, une question nous relie toutes et tous : l’accès à une alimentation saine et nourrissante. En cette Journée mondiale de l’alimentation, il vaut la peine de se demander comment notre ville peut contribuer à bâtir un avenir où chacun et chacune a accès à une nourriture suffisante et de qualité.

L’insécurité alimentaire est un enjeu qui doit être abordé par des mesures politiques fortes à tous les niveaux de gouvernement. Chacun d’eux détient des leviers différents pour faire en sorte que nous puissions tou·te·s avoir accès à une alimentation nourrissante en quantité suffisante.

Cette insécurité est directement liée au manque de revenu, lui-même influencé par des décisions politiques. À titre de directrice générale du Dépôt, centre communautaire d’alimentation à NDG, je vois chaque jour comment la faim mine la capacité des gens à conserver un emploi, à réussir à l’école et à maintenir une bonne santé physique et mentale. Elle alimente l’isolement et amplifie d’autres enjeux, comme le manque de logement adéquat.

Bien que les programmes de soutien au revenu relèvent surtout du fédéral, les municipalités ont, elles aussi, un rôle essentiel à jouer pour déterminer comment les aliments sont cultivés, partagés et accessibles. Qu’il s’agisse d’agriculture urbaine, de marchés communautaires ou d’intégrer la planification alimentaire dans les stratégies de développement, les municipalités peuvent contribuer à faire de l’accès à une nourriture saine un droit fondamental. Or, ce thème semble absent des plateformes des principaux partis municipaux.

À l’approche des élections du 2 novembre, demandons-nous quels leviers locaux pourraient permettre de créer des systèmes alimentaires dynamiques qui luttent contre l’insécurité alimentaire tout en favorisant des communautés vivantes et solidaires. À quoi cela pourrait-il ressembler?

Imaginez qu’à quelques pas de chez vous se trouve un espace vert avec des jardins, une serre, des marchés d’alimentation et des activités communautaires. En passant, vous sentez les effluves de plats cuisinés, mêlés aux rires, aux conversations et aux cris joyeux d’enfants qui jouent. Vous voyez des gens jardiner ensemble, faire pousser des aliments pour eux-mêmes et pour la collectivité. Un peu plus loin, un marché vend des produits frais provenant de fermes locales. Chaque aliment affiche trois prix différents, pour que tout le monde puisse y avoir accès. Vous croisez vos voisins, des visages familiers, mais aussi de nouvelles personnes. Un groupe d’enfants suit un atelier de cuisine dans une cuisine extérieure, tandis que d’autres se rassemblent autour de tables de pique-nique. Des organismes communautaires sont présents, offrant de l’information sur les ressources du quartier. Et sur le tableau d’affichage, une affiche annonce une soirée cinéma en plein air.

Cette vision illustre ce qu’on appelle un système alimentaire territorial : une approche collective de la culture, du partage et de l’accès à la nourriture. Ce modèle ne fait pas que réduire la faim; il renforce les liens sociaux, met en valeur les ressources locales, transmet des savoirs précieux et protège les espaces verts qui nous aident à nous adapter aux changements climatiques.

Des espaces comme celui-ci existent déjà dans nos quartiers — mais la plupart sont temporaires, portés par des organismes comme Le Dépôt et leurs partenaires, et soutenus par la philanthropie et la communauté. Il n’existe pas de financement ni d’infrastructures pérennes : pas d’abri, pas d’entreposage, pas d’accès à l’eau. Imaginez ce que nous pourrions accomplir avec du soutien et des installations adéquates!

Cette réalité dépasse largement celle du Dépôt. Le Forum systèmes alimentaires territoriaux, qui regroupe des acteurs clés à travers le Québec engagés pour un accès universel à une alimentation saine et durable, a élaboré un guide afin que la sécurité alimentaire et les systèmes alimentaires figurent à l’ordre du jour de cette campagne électorale. Parmi les leviers identifiés à l’échelle de la province pour renforcer ces systèmes figurent notamment le développement et la pérennisation des marchés et jardins publics.

Alors que nous nous apprêtons à voter, demandons aux candidat·e·s quels leviers ils et elles actionneront pour faire de cette vision — celle d’un pôle alimentaire communautaire vivant et inclusif — une réalité. Une ville où personne ne manque de nourriture doit être une priorité et le fondement même sur lequel nous bâtissons un avenir où tout le monde peut s’épanouir.

Joignez-vous à nous en cette Journée mondiale de l’alimentation, le 16 octobre de 16 h à 18 h au parc Georges-Saint-Pierre, pour Je mange, donc je vote, un événement préélectoral permettant de rencontrer les candidat·e·s de NDG et d’explorer ensemble comment bâtir un avenir libre de l’insécurité alimentaire.
 
Voir l’article publié dans The Gazette

 


 

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2025-08-13

Partager l’abondance

Comment les jardiniers redonnent grâce à notre jardin Fielding

Au Dépôt, nous voyons la nourriture comme plus qu’un simple aliment : c’est un moyen de créer des liens, de prendre soin les uns des autres et de bâtir une communauté.

Cet été, notre équipe d’agriculture urbaine a lancé un projet pilote, petit mais significatif : une fois par mois, nous ajoutons un aliment fraîchement cueilli de notre jardin collectif Fielding à 100 paniers d’aide alimentaire livrés directement chez des membres de la communauté à NDG. Ces paniers rejoignent des personnes qui ne peuvent pas venir au Dépôt en raison d’une mobilité réduite ou d’autres obstacles.

La graine d’une idée

L’idée de ce projet est née lors de conversations dans le jardin. En observant les récoltes, les jardiniers réalisaient que la terre donnait bien plus que certains n’en avaient besoin, et beaucoup avaient envie de partager cette abondance.

« Au pic de la récolte, nous pouvons rapporter jusqu’à deux sacs d’épicerie complets de légumes par semaine. C’est beaucoup, souvent plus que ce dont j’ai besoin. »

« Je ne veux pas toujours prendre ma part complète de la récolte. C’est une grande quantité et il faut de l’énergie pour tout apprêter avant que ça ne se gâte. Je préfère partager avec d’autres. »

Et ils avaient raison. Ces dernières années, notre équipe a amélioré ses façons de faire : meilleur soin des sols, méthodes de plantation plus efficaces et bonne utilisation de l’espace. Résultat : une récolte plus abondante et en meilleure santé.

Cette abondance a éveillé quelque chose d’important. Les jardiniers ne voulaient pas seulement profiter de la récolte — ils voulaient la partager.

L’équipe a donc mis en place un plan simple :

  • Chaque mois, les jardiniers mettent de côté 100 portions de surplus
  • Nous les ajoutons aux paniers livrés à domicile, accompagnées d’un petit mot
  • Résultat : fraîcheur, bienveillance et lien humain dans chaque panier

garden socializing

Une nouvelle façon de donner et reçevoir au Dépôt

Bien que le soutien alimentaire soit une partie importante de notre mission, Le Dépôt va bien au-delà : nous cultivons la communauté, l’apprentissage collectif et des espaces où tout le monde se sent chez soi.

Même quand les gens reçoivent, ils contribuent : en se présentant, en offrant un peu de son temps, en partageant son savoir et ses histoires. Ce va-et-vient entre donner et recevoir, nous le voyons au quotidien, et il prend une forme toute particulière dans nos jardins collectifs.

Nos jardins sont des lieux communautaires dynamiques où l’on rencontre des gens, se fait des amis, partage ce qu’on sait et profite du bien-être que donnent la terre et la bonne compagnie.

« Je viens pour socialiser, en apprendre plus sur le jardinage… et pour les papillons et les lapins ! »

Pour plusieurs, être en lien avec la terre et avec les autres renforce la générosité naturelle et donne envie de redonner à la communauté plus large.

Au Dépôt, nous avons appris que lorsque nous prenons soin du jardin, il nous le rend. Et lorsque nous prenons soin de notre communauté, elle devient plus forte. Donner aux autres nourrit l’abondance que nous partageons tous.
 


 
Hamidou in the garden

2025-06-18

Rencontrez Hamidou !

Un portrait d’agriculteur

Lorsque Hamidou a immigré à Montréal en 2008, il a rencontré des défis bien connus de nombreux nouveaux arrivants. Bien qu’il a été comptable certifié au Niger, ses diplômes n’étaient pas reconnus au Québec. En parallèle, il s’est mis à chercher les aliments familiers de son enfance — des légumes qu’il avait l’habitude de manger — mais ils étaient difficiles à trouver, ou disponibles uniquement en version importée, congelée ou séchée. Ces expériences l’ont amené à emprunter un nouveau chemin. Il s’est inscrit à l’Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe, afin d’approfondir ses connaissances en agriculture locale et de pouvoir cultiver les aliments qui lui manquaient.

En 2017, il a lancé Hamidou Horticulture, une ferme et entreprise de formation qui cultive aujourd’hui plus de 100 variétés de légumes africains. Son travail répond à un besoin réel pour de nombreuses communautés immigrantes à Montréal, en leur offrant un goût de chez soi et en ravivant des moments forts de joie et de reconnexion à travers des aliments culturels longtemps absents.

Un partenariat qui grandit avec Le Dépôt

La relation entre Hamidou et Le Dépôt a débuté il y a deux ans, peu après qu’il ait commencé à cultiver dans le jardin Loyola. Il avait entendu parler du Dépôt par la communauté, et lorsqu’un poste de facilitateur des jardins collectifs s’est ouvert, il y a vu une occasion de se rapprocher de NDG et de ses habitant·e·s.

La collaboration est rapidement devenue réciproque : l’équipe des jardins collectifs a bénéficié de l’expertise agricole de Hamidou, tandis que lui recevait des retours concrets de la part des employé·e·s et participant·e·s grâce aux échantillons de récolte qu’il partageait. Bientôt, les jardins intègrent davantage de cultures africaines, et le Marché Dépôt commence à proposer une plus grande variété de ses légumes culturels. Depuis un an, Le Dépôt s’engage à acheter chaque semaine des produits d’Hamidou, ce qui lui apporte une stabilité financière et un meilleur pouvoir de planification :

« Ça me permet d’avoir des quantités maximales garanties pour certains légumes. Ça me donne de la prévisibilité, et me permet aussi de chercher de nouveaux clients pour le reste de ma récolte. »

Au-delà des bénéfices pratiques — stabilité financière, ventes prévisibles et retours précieux de la communauté — ce qui garde Hamidou enraciné au Dépôt, c’est quelque chose de plus profond : le lien humain. L’agriculture peut être un métier solitaire, mais son rôle au Dépôt lui a offert un véritable sentiment d’appartenance.

« Ça brise l’isolement. Un fermier est souvent très seul sur sa ferme… Ici, je fais partie d’une équipe. »

Alors que la nouvelle saison estivale commence, nous sommes fier·ères de cultiver des partenariats comme celui-ci, où l’alimentation, la culture et la communauté prennent racine et s’épanouissent ensemble.